POV D'EDWARD
Elle était là dans mes bras. La veille j'avais pensé que Bella ne voudrait pas de ma présence, après qu'elle m'ait dévoilé sa nature. Son discours avait été d'une dureté insoutenable. Bella se dénigrait. Elle était dégoûtée d'elle-même. J'avais songé qu'elle me repousserait, mais au contraire, elle m'avait proposé de m'asseoir sur son lit. Là elle me surprit en posant sa tête sur mes genoux. Cette sensation était extraordinaire. Bella voulait de la tendresse et du réconfort. Comment le lui refuser ? Elle m'invitait enfin à prendre soin d'elle. Brisant cette coquille détachée et froide si impénétrable d'habitude, explosant cette façade si sarcastique et si solitaire qu'elle montrait jusqu'à présent. Je n'attendais que ça qu'elle veuille bien accepter cette main que je tendais vers elle. Qu'elle me laisse enfin découvrir celle qu'elle était réellement. Une jeune femme fragile, seule, triste, tendre et si désespérée, que la vie n'avait pas épargné. Ce n'était pas cet être froid, distant et égoïste qu'elle voulait paraître. Non, elle se forgeait cette attitude pour éloigner les gens, pour se protéger d'un quelconque rapprochement afin de ne pas s'attacher. Pour ne pas souffrir et faire souffrir.
Elle avait cru à un rejet de ma part quand j'avais relevé sa tête de sur mes genoux. Je l'avais vu dans son regard. Il fallait que je réfléchisse vite à l'attitude à adopter. N'ayant jamais fréquenté de jeunes femmes humaines ou pas, je n'en avais aucune idée. J'avais décidé de me baser sur certain films romantiques qu'Alice et Rose affectionnaient tout particulièrement. Je m'allongeai en ouvrant mon bras et l'invitai à reposer sa tête sur ce dernier. Elle était surprise et j'avais cru un instant lui avoir fait peur. Mais elle s'y lova sur le coté, son visage tourné vers moi. Son bras le long de son corps. Ses cheveux étaient juste en dessous de mon nez, les effluves de son parfum m'enivraient. J'étais heureux, ses yeux fermés, je décidai de fredonner la mélodie qu'elle m'avait inspirée. Bella semblait apaisé. Dieu que je l'aimais.
Elle s'endormit très rapidement, je me laissai porter par cette douce sensation de bien-être. Je ne souhaitais qu'une seule chose, que cet instant dure toujours. L'avoir perpétuellement dans mes bras afin de pouvoir veiller sur l'amour de ma vie. Elle bougea une seule fois pour poser sa main sur mon torse. Cette sensation déclencha des frissons dans tout mon être. Elle marmonna mon prénom, « reste » « ne pars pas » « ne m'abandonne pas » « j'ai besoin de toi » et la plus belle phrase fut « aide-moi à vivre ». Oui il était hors de question que je l'abandonne et bien sur que j'allais l'aider à vivre, car ma vie sans elle n'avait plus aucun sens. L'éternité ne valait rien sans sa présence.
Puis elle se réveilla. Beaucoup trop tôt à mon goût. Je n'avais pas assez profité de cette nuit avec elle, et de savoir qu'elle se détacherait de mon corps dans quelques instants m'attristait. Elle ne disait mots et restait dans cette position, jusqu'au moment où elle s'aperçut que sa main reposait sur mon torse. Elle voulut ôter sa main mais je lui pris « au vol » serrant gentiment ses doigts dans ma main. Je souhaitais qu'elle comprenne que ce contact ne me dérangeait absolument pas et qu'elle ne devait sous aucun prétexte en avoir honte. Elle se laissa faire, reposant sa main tandis que la mienne était sur la sienne. Nous étions restés comme ça environ une heure toujours sans qu'aucune parole ne soit prononcée. Puis le moment fatidique arriva et elle se leva.
_ Pourrais-tu m'accorder une minute de semi humanité ? Il faudrait que j'aille me doucher.
_ Bien sur même deux. Répondis-je, espiègle.
Elle me fit un léger sourire et partit vers la salle de bain. Je restai ainsi pendant un moment, son odeur était incrustée sur mes vêtements et sur ma peau. Je la respirai à plein poumon. Me délectant de sa fragrance. Il était temps que je me lève et descendis dans la cuisine pour lui préparer son petit déjeuner. J'ouvris le frigo. Ce que j'y trouvai me surprit des poches de sang étaient soigneusement rangées. Elle se nourrissait donc comme ça.
_ Rassures-toi c'est du sang animal. J'ai fait des réserves. L'avantage d'avoir un bon boucher. Dit-elle sarcastique
_ Tu ne chasses pas ?
_ Tu as vu le résultat hier, même ça je ne sais pas le faire sans créer des catastrophes !
_ Pourquoi y es tu allée hier, alors ?
_ La chasse permet d'évacuer ma colère et ma violence. Mes réactions se font plus violentes si je n'y vais pas. Disons que je me suis réveillée hier avec une bouffée de ces deux sentiments au combien sympathique. Ironisa-t-elle. Alors pour me calmer j'ai commencé à courir. Malheureusement, j'ai croisé un cerf qui en a fait les frais. Tu connais la suite. Dis moi c'est quoi cette histoire de traité ?
_ A notre dernier passage à Forks, nous sommes allés chasser comme d'habitude. Mais on a été surpris par les hommes de cette tribu. Ils se sont aperçus que nous étions différents de nos semblables. Alors Ephraïm Black le grand-père de celui avec lequel tu t'es battu, nous a proposé un marché. Si nous ne chassions plus sur la terre des Quileute, ils s'engageaient à ne pas révéler notre secret aux blancs.
_ Mais cette odeur, je ne l'ai pas inventé, ils ne sentent pas bon ?
_ Ce sont des modificateurs, comme tu as pu le constater. Ils se transforment en loup, c'est dans leurs gènes. Les loups sont nos ennemis naturels et c'est pour ça que nous sommes indisposés par leur odeur. Mais rassures-toi pour eux aussi on sent pas la rose. Ils sont plus nombreux que la dernière fois, surement parce que nous le sommes nous aussi.
_ Aucun rapport avec les lycans ?
_ Non aucun. Les lycans ne peuvent pas se transformer quand ils le désirent. Mais les Quileute, eux, le peuvent.
_ Je suis vraiment désolée d'avoir mis le boxon à la réserve.
_ Arrête de t'excuser pour rien. Tu n'es pas responsable de quelque chose dont tu ignorais l'existence. Comment va ton flan droit ?
_ Bien je ne sens pratiquement rien, donc pas la peine de t'inquiéter.
_ Tu pourrais peut-être me montrer ? J'ai fait plusieurs années de médecine.
_ La fac propose des cours de médecine anatomique sur les vampires ?
_ Bella, fais pas l'enfant et montre-moi.
_ D'accord, tu regardes simplement.
Elle souleva son teeshirt. J'avais eu un hoquet de surprise en voyant sa blessure. Les marques de crocs étaient tellement visibles qu'on aurait pu prendre des empreintes. La couleur de sa peau à cet endroit était violacée et noir. Je ne pouvais pas m'empêcher de toucher sa marque du bout des doigts. Elle frissonna, son cœur tambourinait dans sa poitrine et ferma les yeux. Pour ma part mes doigts étaient parsemer de picotement et électrisés. Sa peau était un peu plus chaude que la mienne. C'était une sensation agréable. Puis elle rabaissa son teeshirt.
_ Alors, rassuré ?
_ Pas vraiment, tu devrais aller voir Carlisle.
_ J'en ai vu d'autre et tu sais quoi ? J'en mourrais pas.
_ Bella, arrête de rigoler avec ça. T'aurais pu te faire tuer.
_ Failli seulement. Je te l'ai déjà dit on ne me tue pas si facilement. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort!
_ Ouais tu parles. Bon tu veux toujours venir avec moi aujourd'hui ?
_ Bien sur, pourquoi je refuserais ? Ce serait plutôt à moi de te dem…
Je ne la laissai pas finir. Encore cette manie de vouloir être fustigée ! Alors je mis un doigt sur sa bouche pour la faire taire. Je lui avais soulevé son menton de mon autre main pour qu'elle me regarde dans les yeux.
_ Bella tu peux dire et faire ce que tu veux, plus rien ne m'empêchera d'être avec toi…murmurai-je
Son cœur recommençait à s'emballer pour mon plus grand plaisir. Elle avait même arrêté de respirer. J'étais si proche de ses lèvres, je me noyais dans ses yeux bleu vert. Je n'avais qu'à me pencher et enlever mon doigt pour l'embrasser. Son odeur était si attirante. Un chien aboya, ce qui me fit sortir de ma dévotion. Je retirai mes doigts de ses lèvres en les effleurant, elle ferma les yeux. Ses lèvres étaient d'une douceur incroyable.
_ Bella, respire. Dis-je taquin.
Elle ouvrit ses yeux et prit une grande respiration, elle rougit. J'adorais voir ses joues prendre cette teinte. Elle semblait troublée. Cette fille me rendait dingue.
_ Tu dois manger un petit peu si tu veux qu'on y aille.
_ Non merci, j'ai le pique nique d'hier qui m'est un peu resté sur « l'estomac ».
_ T'appelle ça un pique nique, toi ? M'esclaffant.
Alors je fis signe à Bella de me suivre, et lui demandai si elle pouvait prendre son violon. Elle avait l'air d'être surprise mais accepta. Nous partîmes vers la forêt tous les deux. Bella avait l'air contente, mais il y avait toujours cette pointe de tristesse dans ses iris. Il fallait que je trouve un moyen de l'aider à vivre comme son inconscient me l'avait demandé.
POV DE BELLA
Je suivais Edward, sans mots dire. Ce qui me permettait de réfléchir à tout ce qui s'était passé depuis ce matin. Mon réveil dans ses bras avait été quelque chose d'irréel, j'étais tellement bien dans ses bras. Je me sentais en sécurité. Mais quand je me suis aperçu que j'avais ma main sur son torse, j'étais mal à l'aise. Mon inconscient m'avait trahie, je me demandais ce que j'avais bien pu lui révéler avec ma manie de parler en dormant. Au moment où j'avais voulu retirer ma main, il l'avait retenue. Il m'invitait à la remettre sur son torse et déposa la sienne sur la mienne. Etait-ce possible qu'il puisse aimer ce contact autant que moi ?
Puis il y avait eu la cuisine, il avait l'air sidéré en voyant les poches de sang dans le frigo. J'avais cru qu'il serait dégouté, mais ce ne fut pas le cas. J'avais eu peur qu'il pense que ça pouvait être du sang humain. Mais mon affirmation ne l'étonna pas. Alors il pensait quoi ? Que je bouffais les chiens et chats du voisinage ? Quoique en y méditant j'aurais mieux fait de croquer celui qui avait jappé ce matin, pendant qu'Edward avait ses doigts glacés sur ma bouche. Cette sensation était vraiment merveilleuse, j'avais cru un moment qu'il allait m'embrasser, mais ce clebs avait hurlé ! Il m'avait même proposé de manger, mais entre la chasse d'hier et mes émotions de ce matin ça faisait un peu trop pour la moitié d'humaine que j'étais. Edward souhaitait que j'apporte mon violon qu'il porta galamment. Il croyait quoi ? Que c'était trop lourd pour moi ? Fallait vraiment qu'il se fasse au XXIème siècle celui là ! C'est pas que c'était désagréable, mais n'étant plus habituée à ce genre de manière, tout ça me mettait mal à l'aise. Je savais pertinemment que je le ferai souffrir un jour et que je le décevrai. Ainsi était ma vie. En attendant je savais que j'aurai pu le suivre jusqu'en enfer.
Nous nous enfoncions dans les bois. Il me tenait les branches, m'aidait à passer les rochers. A croire qu'il oubliait mon coté vampire.
_ Tu n'es pas obligé de faire tout ça, je suis à moitié vampire je te signale. Des fois que tu l'aies oublié. Maugréai-je
_ Je sais mais je me méfie de ton coté humain. Gloussa-t-il.
J'allais lui en donner moi du coté humain, s'il s'obstinait comme ça ! Je décidai donc de jouer son propre jeu.
_ Ah ! Tu n'aimes pas cette partie de moi ? Dis-je faussement blessé.
Le piège marcha au-delà de mes espérances. Il se retourna d'un bon l'air penaud, affolé et se pinça l'arête du nez. Il était inquiet. J'avais gagné. Il déposa le violon délicatement au sol et mis ses deux mains le long de mes bras.
_ Mais non Bella. Comment peux-tu un seul instant penser ça ? C'est la partie que je préfère.
Je ne pouvais plus me contenir et explosai de rire devant sa mine déconfite. Je m'en voulus au même moment, voyant son air réprobateur. Mais je n'arrivai pas à m'arrêter. C'était plus fort que moi. Alors il fit un truc complètement dingue. Il me prit sur son dos, m'encerclant les jambes de ses bras, le violon dans ses mains. Et se mit à courir. Je cessai de rire derechef. Je ne m'attendais pas à une telle réaction. Je lui ordonnai de me reposer au sol, mais rien n'y fit. Puis il stoppa net me déposant au sol. Mon coté humain tanguait un peu et ça avait l'air de lui plaire en plus, le bougre !
_ Alors le coté humain de Melle Isabella Swan se sent comment ?
_ Edward Cullen laisse moi te dire que tu n'es qu'un mauvais joueur.
_ Mauvais joueur, moi ? J'ai vraiment cru que je t'avais fais de la peine. Souffla-t-il
_ Ca n'a fait de la peine qu'à mon ego démesurer vampirique.
_ Je croyais que tu n'aimais pas ton coté vampirique.
_ Je ne l'aime pas. Mais c'est comme l'odeur de ton voisin qui se lave pas, tu l'aimes pas forcément, mais tu fais avec.
Nous avancions toujours tout en discutant. Jusqu'au moment où nous arrivions dans une clairière magnifique. C'était extraordinaire et cet endroit me rappelait un souvenir refoulé. Un des seuls souvenirs heureux de mon enfance. Les larmes traîtresses refaisaient leurs apparitions. Elles coulaient le long de mes joues, bien malgré moi. Edward s'en inquiéta tout de suite et me regarda dans les yeux.
_ Bella ça va ? Je suis désolé on peut s'en aller si tu veux. Je ne pensais pas…
_ Non tout va bien. Dis-je dans un sanglot.
_ Bella ça n'a pas l'air, je t'ai fait de la peine.
Je n'arrivais pas à parler alors je fis exactement ce qu'il m'avait fait un petit peu plutôt. Je portai un doigt à sa bouche pour le faire taire. Mais il prit ma main entièrement et l'embrassa. Les frissons qui me parvenaient descendaient jusque dans l'échine. Puis de son autre main il sécha mes larmes. Sa main était d'une merveilleuse douceur. Nous étions restés un moment ainsi. Mes larmes s'étaient calmées. Il s'assit et je l'imitai. J'avais l'obligation de lui expliquer ma réaction.
_ Je suis désolée de mon attitude, je n'aime pas me montrer faible et encore moins devant toi. C'est juste que… Cet endroit est magnifique. Ca m'a rappelé un bon souvenir que j'avais crut avoir éclipsé. Trop d'émotions m'ont assaillie en même temps et je n'ai pas pu les contenir.
_ Le contrôle, c'est ton truc hein ?
_ Parce que toi non ?
_ Oui mais moi je n'essaye pas d'avoir le contrôle sur absolument tout.
_ Le contrôle est une nécessité chez moi. Sans maîtrise de moi je ne serais surement plus…
La fin de cette phrase était trop dure à prononcer, je ne pouvais pas et décidai de changer de sujet.
_ Depuis quand es-tu comme ça ?
_ 1918. Carlisle m'a trouvé alors que je mourais de la grippe espagnole. Ma mère en était morte quelques jours plus tôt et lui avait fait promettre de me sauver par tous les moyens.
_ Tu étais sa première transformation ?
_ Son premier tout en fait. Carlisle ne s'est jamais abreuvé de sang humain.
_ Jamais !?
_ Non. La première fois qu'il y a goûté, c'était pendant ma transformation. Ensuite ça a été le tour d'Esmèe, il l'a trouvée à la morgue. Son cœur battait tellement peu que les médecins ont cru qu'elle était décédée. Ils sont tombés de suite amoureux et ne se sont plus quittés.
_ On dirait un conte fée. Bon, à la sauce vampirique bien sur ! Et tes frères et sœurs ?
_ Rosalie a été la troisième, elle était en train de mourir dans une ruelle. Il l'a ramenée à la maison pour en faire l'une des nôtres. Il pensait qu'elle et moi après… Enfin tu vois, quoi.
_ Oh… Elle et toi… Jamais. C'est une très jolie femme.
_ Oui, mais c'est pas mon style. Puis quelques années après, elle a trouvé Emmett. Il avait été gravement blessé par un ours. Mais elle avait peur de le transformer elle-même. Alors Rose a parcouru des kilomètres avec lui sur le dos.
_ Waouh ! Je sais que la force vampirique c'est quelque chose mais elle fait tellement fragile.
_ Alice et Jazz sont venus nous rejoindre plus tard. Ils étaient déjà ensemble.
_ Alice a un don n'est-ce pas ?
_ Comment sais- tu ça ?
_ Une intuition, c'est tout.
_ Elle voit l'avenir. A partir du moment où la personne se fixe un objectif définitif.
_ Elle voit le mien ?
_ Non, pas clairement en tous cas.
_ Mais pour Tyler, vous n'êtes pas arrivés par hasard et le combat contre leloup hier ?
_ Pour Tyler c'est son avenir à lui qu'elle a vu, à partir du moment où il avait choisit d'insister sur cette voie.
_ Elle a vu que j'allais le tuer hein ? C'est ça ?
_ Bella, écoute tu ne l'as pas fait, il est toujours en vie.
_ Oui, mais si toi et Emmett n'étiez pas intervenu je…
J'étais en colère contre moi. J'avais failli. J'étais prête à le tuer ce jour là. Je l'avais senti au plus profond de moi. Mon monstre voulait sa peau.
_ Nous avons du mal à retenir nos émotions, nous autres les vampires. Même si tu as beaucoup de mal à l'accepter, ta moitié vampirique est plus forte que ton coté humain.
_ Je sais, mais…
_ J'ai tué des humains pour me nourrir. Je te l'ai dit. Alors nul n'est parfait et infaillible. Encore moins nous.
_ C'est pour Carlisle que tu es revenu à la nourriture végétarienne ?
_ Non pas exactement… Je refuse d'être un monstre. Et toi tu as déjà…
_ Tu veux dire à part ma mère ? Non. Mais je suppose que ce forfait proportionnellement aux tiens est encore pire.
J'étais bien et le souvenir de ma mère ne m'avait pas submergé pour une fois. Je décidai de m'allonger, Edward m'imita. Un rayon de soleil perçait les épais nuages pour arriver sur sa figure. Il était magnifique. On aurait dit un diamant. Ce n'était pas le seul que j'avais vu depuis le début de mon existence, mais c'était le plus beau.
_ Dis moi Bella, tu peux assimiler la nourriture normale et le sang ?
_ Si on veut le sang est une obligation, alors que la nourriture standard, je peux m'en passer.
_ Tu as un pouvoir ?
_ Ouais, j'en ai plusieurs en fait.
_ Plusieurs !?
_ J'ai un bouclier mental qui me permet de me protéger de toute attaque psychique. J'ai essayé de l'étendre au gens m'entourant mais j'ai beaucoup de mal. J'arrive aussi à lire dans le passé des humains, ou après leurs transformations des vampires en les touchants. Mais je l'utilise jamais parce qu'il m'épuise physiquement.
_ Je comprends mieux pourquoi je n'arrive pas à lire dans tes pensées. C'est très impressionnant.
Oui, bah si tu connaissais le dernier, je suis pas sur que tu trouverais ça si drôle pour toi. Heureusement que je ne l'utilise jamais d'ailleurs.
Nous avions continué comme ça à discuter, tous les deux. À aucun moment il ne m'avait posé une seule question sur mon passé et ma famille. Je lui en étais très reconnaissante. Edward me demanda de lui jouer un morceau au violon. Je décidai d'entamer le « Divertimento n° 15 » de Mozart. C'était un morceau qui me plaisait et pas trop triste. Je ne voulais pas de mélancolie aujourd'hui. Puis je me rallongeai dans l'herbe auprès de lui.
POV D'EDWARD
Bella me surprenait de minutes en minutes. Ses pouvoirs étaient incroyables, frustrant pour le premier, de mon point de vue en tous cas, mais extraordinaires. Je savais que le sujet de sa famille et de son passé était tabou. Alors je préférai ne pas en parler. Afin de savourer tous ses moments avec elle. Je lui avais quémandé un air au violon. Je n'avais aucune demande précise. Mais ça me permettait de connaître son humeur en fonction de la mélodie choisie. Elle était si concentrée, on aurait dit que c'était tout son corps qui jouait. Juste pour moi. Elle souriait. Elle avait l'air heureuse. Moi j'étais comblé. Puis la musique cessa et elle rejoignit sa place auprès de moi.
Nous étions allongés l'un à coté de l'autre nos mains se frôlaient. Elle caressa ma main du bout des doigts. Cette sensation était dévastatrice pour moi. J'éprouvai le besoin complètement fou de l'embrasser. Je voulais goûter ses lèvres. Je fermai les yeux pour m'éloigner de cette obsession mais c'était pire. Alors je me levai d'un bond. J'étais en colère après moi. Il fallait que je me contrôle. Bella sembla surprise, elle se redressa en position assise. Ses yeux me regardaient avec surprise, et vexation et ses joues prirent une teinte rosie.
_ Je suis désolée Ed…
_ Non Bella tu n'y es pour rien. C'est moi.
Il fallait que je lui explique ce que je ressentais pour elle. C'était important et même si ses sentiments n'étaient pas partagés, je devais libérer ce poids de ma conscience et de mon cœur.
_ J'ai beaucoup de mal à rester insensible à cette proximité entre nous. Je te l'ai dit ce matin. Je suis incapable de me tenir loin de toi. Mais j'ai si peur de t'effrayer que je ne sais pas comment t'approcher. Si j'en fais trop ou pas assez. C'est nouveau pour moi. Je ne te demande rien et n'attends aucune réponse de ta part, mais je…
Ah bravo Edward ! Quel idiot franchement ! T'arrives même pas à expliquer ce que tu ressens !
Bella s'était levée et s'approcha de moi d'un pas prudent, comme si elle avait peur de tomber. Ses prunelles fixaient mes yeux, j'étais prisonnier de son regard. Envouté. Son cœur battait la chamade. J'étais certain que si j'avais été humain, le mien aurait été aussi erratique que le sien.
Elle était magnifique, le léger rayon de soleil qui pénétrait dans la clairière faisait apparaître sur sa peau des petits cristaux brillants tels des diamants. L'effet n'était pas aussi visible que sur moi. Mais pour mes yeux de vampire, elle était la plus belle créature au monde.
Elle me prit la main, et la plaça sur sa joue. Une douce tiédeur envahissait mon être, c'était très agréable. Son regard était rempli d'une tendresse qui m'était encore inconnue. Peut-être se livrait-elle enfin ? Bella me faisait-elle assez confiance ? Elle prit sa voix la plus douce
_ Edward. J'ai maudit ces trois semaines où je ne pouvais pas t'approcher. Je sais que c'était ma décision. Je pensais être assez forte pour faire comme si tu ne comptais pas. Mais plus les jours passaient, plus mon cœur se séchait. Je ressentais une douleur aigue dans tout mon être. Je ne comprenais pas vraiment ce qui m'arrivait et pour te dire la vérité, j'ai du mal à comprendre, même maintenant. Je sais une seule et unique chose. C'est peut être la seule chose dont je suis persuadée. C'est que ta présence m'est vitale. Je ne peux plus supporter l'idée que tu puisses t'éloigner de moi. Tu m'as plus apportée pendant ces quelques semaines que n'importe qui dans ma vie. Tu ne m'effraies pas. Mais c'est nouveau pour moi aussi. Ces sentiments sont si forts, je…
Elle venait de m'avouer qu'elle avait des sentiments pour moi, que je comptais pour elle. J'étais heureux à ce moment précis. Que la douleur de notre éloignement avait été aussi dévastatrice pour elle que pour moi. Alors je fis un truc que j'avais envie de faire depuis des jours. Bella m'en avait donné le courage. Je pris son visage dans mes mains et avançai lentement ma tête vers elle. Je posais mon front sur le sien dans un soupir. Je reculai et vis que ses yeux étaient fermés. Alors je penchais ma bouche vers la sienne, capturant ses lèvres. Mon souffle était erratique à cause de la tension. Juste goûter ses lèvres, voilà ce que je voulais. Incapable d'attendre plus longtemps, enfin mes lèvres touchèrent les siennes. Elles étaient douces et sucrées.
Cette sensation était incroyable. Bella répondait à mon baiser pour ma plus grande joie. J'avais cru que son cœur allait exploser. Ce baiser qui était plein de tendresse au départ se faisait plus pressant, comme si nos vies en dépendaient. Elle passa ses bras autour de mon cou et plongea dans mes cheveux qu'elle fourrageait avec, malgré tout, une tendresse infinie. Je n'avais jamais connu ça, j'aurai pu mourir sur place après ça. Puis elle s'écarta de moi doucement et me regarda.
Il fallait que je m'excuse.
_ Je suis désolé, Bella mais je…
_ Et ben pas moi. Je ne suis pas désolée.
Et elle captura mes lèvres délicatement. Elle ne m'en voulait pas. C'était l'essentiel, je ne savais pas si j'aurais pu accepter qu'elle me rejette.
POV DE BELLA
Il m'avait embrassée. Je lui avais avoué une partie de mes sentiments, puis il m'avait embrassée. Son haleine était aussi envoutante que son odeur. Quand ses lèvres avaient saisi les miennes, mon cœur eut un raté et redémarra à une allure frénétique. Je n'avais jamais expérimenté un tel bonheur. Oui, j'étais enfin heureuse à cet instant précis, j'aurai voulu qu'il dure toujours. Ce baiser était si irréel. Mes mains avaient commencé à fourrager ses cheveux sans que je m'en aperçoive. Mais je ne voulais surtout pas penser aux conséquences. Seulement garder cette sensation de bien-être pour toujours. Mais ma raison l'emporta sur mon cœur et je mis fin au baiser. Edward me regarda, gêné.
Ah ! Non Bella ! Il est hors de question qu'il croit que tu regrettes ! Fais quelque chose bon dieu !
Je lui expliquai que je n'étais pas désolée. Puis je l'embrassai. Jamais, au grand jamais je n'aurais pensé faire un truc pareil. Mais j'avais besoin de son contact. Simplement me sentir vivante. Car là était le problème. Je n'avais pas de bonne raison de vivre. Je subissais mon éternité. Je la refusais, mais peut-être que désormais, j'avais une raison de l'accepter ? Ce baiser était plus désespéré, du moins de ma part. Je savais pertinemment que pour chaque seconde de bonheur, des centaines d'heures noires s'annonçaient. Je l'aimais et voulais en profiter. Puis je mis fin à notre échange.
_ Comme tu peux le voir, je ne regrette absolument rien. Dis-je d'une voix suave.
_ J'ai saisi l'idée, je crois.
_ Et maintenant on fait quoi ?
_ Demain je t'emmène chez moi.
Quoi ? Moi chez lui ? Avec Rosalie qui me déteste ? Il est dingue ! Et Emmett !
_ Edward, en fait je crois pas que ce soit une bonne idée.
_ Tu n'as rien à craindre même si tu es à moitié humaine. Tu ne risques rien.
_ C'est pas ça mais… En fait vu que Rosalie… Et ben.
_ Quoi t'as pas peur de te retrouver dans un nid de vampire ? Mais de pas être acceptée ? S'esclaffa- t-il.
_ Au moins, je te fais rire.
_ Ne t'inquiète pas pour Rosalie. Elle s'y fera. Ca lui passera. Et pour les autres, Emmett et Alice t'adorent. Jasper veut te connaître un peu mieux. Carlisle et Esme veulent te rencontrer. Donc tu n'as aucune raison de t'en faire.
_ On va dire que je te crois, alors. Je suppose que grâce à son don Alice est déjà au courant de ce qui s'est passé.
_ Y a des chances qu'elle l'ait vu par mon intermédiaire. Les secrets se gardent difficilement chez nous.
_ Ca c'est sur ! Entre toi qui lit dans les pensées. Jasper qui décrypte les émotions et Alice qui voit l'avenir. La vie privée doit vraiment manquer de « privé » chez vous.
_ Et de « vie » aussi. Rigola- t-il.
_ Dis moi, pourquoi es-tu rentré si tôt de ta chasse hier Edward ?
_ Je te l'ai dit. Je ne supporte plus d'être loin de toi. Emmett m'en a voulu. Je lui ai pourri sa chasse.
_ Je plaide coupable alors.
_ C'est uniquement ma faute, je suis ravi d'être rentré plus tôt. Emmett aussi. Cette histoire avec les Quileute ne se serait surement pas terminée comme ça.
Il s'approcha, m'entoura la taille de ses bras et déposa un délicieux baiser sur mes lèvres. Que je m'empressai de lui rendre. Mais une angoisse s'insinua en moi. Quand le monstre de mes cauchemars reviendrait, qu'arrivera t-il ? Edward me quittera-t-il ? Tuera-t-il Edward ? Il ressentit ma peur et stoppa. Ses mains lâchèrent ma taille et il les positionna de chaque coté de ma tête. Il avait l'air angoissé.
_ Bella tu sais que je ne peux pas lire dans tes pensées. Alors dis-moi ce que tu as maintenant.
_ Maintenant, j'ai peur.
_ Très bien. Dit-il d'un ton sec.
J'avais compris qu'il pensait que j'avais peur de lui. Il fallait que je le rassure. Mais il reculait.
_ Mais j'ai pas peur de toi andouille. J'ai simplement peur que mon passé me rattrape et que je sois obligée de partir. Où bien que toi, tu me quittes. Parce que tu auras découvert que je ne suis pas celle qu'il te faut.
Il me regardait intensément avec son petit sourire en coin si craquant. Puis me fit reculer jusqu'à l'arbre. Il déposa un baiser dans mon cou. Ma respiration s'accéléra. Il me susurra.
_ Tu es rassurée ?
_ Pour l'instant. Dis-je rougissante.
_ Et c'est ainsi que le lion tomba éperdument amoureux de l'agneau.
_ Laisse moi deviner, c'est moi l'agneau dans cette histoire ?
_ Oui, tu veux quand même pas être le lion ? Rigola t-il
_ Non. Mais un agneau pas si fragile que ça alors
_ Et moi un lion complètement masochiste et fou à lier.
Puis il se jeta à nouveau sur mes lèvres. Ses lèvres étaient un peu plus fraiches que les miennes. Son haleine fruitée était enchanteresse. Il me prouvait que je me trompais et que rien n'arriverait. J'avais confiance en lui. J'étais en sécurité avec lui, je le savais.
_ Il vaut mieux qu'on rentre avant la pluie.
_ De la pluie à Forks ? Comme c'est curieux.
_Toujours pleine de sarcasme.
_ Pourquoi tu croyais que le fait de m'embrasser ferait disparaître ce coté de ma personnalité ?
_ Je veux surtout pas qu'il disparaisse. C'est une chose que j'apprécie tout particulièrement chez toi.
Edward décida ensuite de tester ma vitesse, alors il se mit à courir à vive allure en direction de la maison. Je faisais tout mon possible pour le rattraper. Mais c'était peine perdu. Ma moitié « standard » me ralentissait. Quand j'arrivais devant chez moi je diminuais la cadence. Des fois qu'un voisin un peu trop curieux se promènerait dans le coin. Edward était assis sur un banc à l'extérieur de la maison. Un petit sourire accroché à son visage d'ange.
_ J'ai failli attendre. J'ai cru que tu étais perdue et que je devais aller te chercher. Dit-il hilare.
_ Edward Cullen tu n'es qu'un goujat !
_ Moi ?
_ En tant que gentleman tu aurais du me laisser gagner.
_ Je croyais que tu n'aimais pas la galanterie ?
_ C'est vrai. J'avoue. Tu cours assez vite pour un grand père.
Puis je l'invitais à entrer. Et lui proposai de m'attendre dans ma chambre. Pendant que je me douchais. Cette journée avait été riche en émotions. Edward m'avait embrassée et je l'avais embrassé. Rien que ces souvenirs me procuraient des frissons. Imaginer ses lèvres sur les miennes encore et toujours me donnait une envie de recommencer. Oui, j'aurais aimé passer le reste de mon éternité à l'embrasser. Etait-ce possible d'aimer quelqu'un à ce point là ? Pouvais-je tirer enfin un trait sur mon passé ? Afin de recommencer à vivre. Edward était-il vraiment le sauveur que j'attendais ? Pourrait-il accepter ne serait-ce que de me regarder dans les yeux quand il apprendrait tous mes noirs secrets ? J'avais décidé de voir à l'usure. Je ne voulais plus. Non je refusais de m'apitoyer sur mon sort. Il était dans la pièce à coté et il m'attendait.
_ Tu admires la déco intérieur de ma chambre ? Ironisai-je.
_ Tu veux dire la non décoration de ta chambre.
_ Je sais elle n'est pas vraiment agrémentée. Mais bon…
_ Agrémenté !! Bella, une chambre de moine trappiste est plus décorée que ça !!
_ J'ai pas vraiment eu le temps de m'en occuper.
_ Je crois surtout que ça t'évite de te fixer quelque part.
Il avait raison encore une fois. Pas de déco, donc pas de problème de carton en cas de déménagement rapide.
_ Tu n'a pas tout à fait tord. Je l'avoue.
_ Mais maintenant ne pourrais-tu pas penser à la déco intérieur ?
En gros ça voulait dire. « Tu as peut-être une bonne raison de te fixer. Donc si tu attaquais l'amélioration de ta maison, ca voudrait dire que tu comptes rester près de moi désormais. »
_ Je pourrais peut-être y penser en effet.
Je m'allongeai sur mon lit, j'étais vraiment fatiguée. Je fis signe à Edward de s'installer comme hier. Il me prit dans ses bras et se tourna vers moi pour m'embrasser. Puis il me fredonna la même mélodie que la veille. Et Morphée m'emmena auprès de lui.
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